Cedin16 a écrit : ↑mar. 27 oct. 2020 11:45
je suis certain et j'en connais quelques tres rares profs qui transmettent un savoir une passion !
Mal heureusement moi et mes enfants dans des régions très différentes nous avons connu des profs qui aux mots prêts transmettaient les mêmes messages chaque année... le prof d'amphi qui ne bouge pas d'un jota de son poly .....y en a des wagons entiers
ce n'était l'objet du poste ...
Ça l'est beaucoup plus que tu ne le penses.
Si tu penses (et une grande partie de la population avec toi) que les profs (de violon ou autre) ne sont que des glandeurs avec un niveau moyen (ni excellent ni même bon) alors pourquoi devrait-on bien les payer ? Pourquoi leur donner des conditions de travail décentes ? Après tout, si n'importe qui peut enseigner le violon à un débutant, autant prendre le cours le moins cher non, ça parait raisonnable ?
Et tout cela résulte dans une précarité toujours plus importante pour les professeurs.
Mais tu as une autre face au problème. Mettons que tu sois très bon et passionné, pourquoi voudrais-tu devenir enseignant ? après tout, tu es très bon donc tu as d'autres opportunités, soit dans d'autres branches, soit à l'étranger. Dans les deux cas, tu seras beaucoup mieux considéré par les gens (je t'assure que ça épuise les questions récurrentes "Mais c'est quand que tu prends un vrai boulot ?") et aura de bien meilleures conditions de travail. Pourquoi donc choisir une voie qui en plus d'être difficile (le niveau ça s'entretient et apprendre à enseigner correctement c'est long et difficile) ne mène qu'à la précarité et te coûte beaucoup personnellement (oui parce que tout bon et passionné, tu as aussi une vie en dehors de ton boulot) ?
La conséquence de ça, c'est que la plupart des très bons et passionnés, ne vont pas enseigner en France. Soit ils feront autre chose, soit ils enseigneront dans un pays où les conditions de travail sont bien meilleures. Donc il restera en France en grande majorité ceux qui n'étaient pas très bons. Qui comme ils ne sont pas très bons vont renforcer cette idée que hein bon prof... un peu n'importe qui peut le faire.
Tous les élèves vont se retrouver avec un enseignement de bien de qualité moindre. Et ceux qui parmi eux auraient pu atteindre l'excellence, ne l'atteindront pas parce qu'ils n'auront pas eu l'enseignement leur permettant de l'atteindre.
Enfin, tu as un troisième problème. Dans une certaine mesure, enseigner permet de cibler l'excellence et de savoir que si on la rate, on aura quand même un boulot. Ça serait le cas d'un étudiant qui voudrait devenir soliste ou concertmaster dans un orchestre international. Parmi tout ceux qui essaient, combien y arrivent ? Probablement une minorité. Mais si tu veux avoir des gens qui essaient, tu as besoin que ceux qui échouent aient un plan B solide et dont ils sont contentes. Sinon, ils ne vont pas essayer. L'enseignement est un de ces plans B et en ce sens, il irrigue aussi la qualité de ceux qui n'enseignent pas. En pouvant offrir une belle voie de sortie à ceux qui étaient parmi les meilleurs, mais pas parmi les meilleurs des meilleurs.
Ce cercle vicieux te mène assez vite à la catastrophe, tant pour les élèves que pour les professeurs que pour la discipline.