Christian Ferras Berg/Sravinsky

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flop
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Christian Ferras Berg/Sravinsky

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Bonjour,

Voici ce qu'a écrit Thierry de Choudens dans le journal de l'association "les Amis de Christian Ferras" :

En 1970, lors d’une interview à la Radio Suisse Romande, Christian Ferras suppose que durant sa carrière il a joué deux fois le Concerto d'Alban Berg à Genève. L’enregistrement de 1957 publié par Claves est assurément la première de ces deux fois. Ce bouleversant Concerto est écrit « à la mémoire d’un ange », Manon Gropius, fille d'Alma Mahler et de l'architecte fondateur du Bauhaus Walter Gropius, emportée par une foudroyante poliomyélite à l'âge de 18 ans. Troublé par cette mort, Berg se met à l'ouvrage sans savoir qu'il écrit aussi son propre requiem. Au début du Concerto, le violon entre en jouant les quatre cordes à vide - sol, ré, la, mi ; mi, la, ré, sol - doucement, presque hésitant. Il illustre ainsi l’adolescente s'exerçant sur son instrument. Mais, à n'en pas douter, Berg veut aussi symboliser par ces notes blanches la pureté juvénile de Manon. Le 3 avril 1957, jeune homme lui-même, âgé de 23 ans, Ferras pose son archet sur la corde de sol, avec une infinie douceur il passe au ré, puis au la… et sur le mi, cauchemar des violonistes, la note ne sonne pas tout de suite. L’effet de pureté pourrait être anéanti, et la suite compromise. Mais, nullement déstabilisé, Ferras joue l’œuvre avec une émotion à la fois sereine et fervente. Il y déploie des trésors de beautés sonores. L’harmonie entre Ferras, Ansermet et l’OSR est stupéfiante.
Dans le Concerto de Stravinsky, Ferras, dont c’est la seule version au disque, semble complètement possédé. Cette musique contrastée et expressive lui sied à merveille. Son jeu y est monumental. Comme toujours, il prend tous les risques sans aucun calcul. Ecoutez bien l’Aria II. Ferras, halluciné, nous raconte une tragédie. Vous trouverez difficilement une interprétation équivalente. Quant au Capriccio, il est enthousiasmant sous de tels doigts. Evidemment, Ernest Ansermet est le chef rêvé dans ce répertoire, et l’OSR un orchestre rompu à cette musique. Le résultat est simplement saisissant.

Thierry de Choudens

www.associationferras.com
associationferras@yahoo.fr
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