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Je dresse un petit bilan après presque un an de remise au violon de manière « plus ou moins » régulière. Globalement, je suis très content d'avoir pu retrouver le niveau que je pensais avoir perdu. Et en plus de ça, il me semble que j'ai gagné en maturité, surtout dans ma manière de travailler. Aujourd'hui, j'ai redécouvert le plaisir de bosser « pour soi », de se fixer des objectifs, et de surmonter des difficultés, et quand on y parvient, c'est vraiment gratifiant ! Malheureusement, il me manque le regard et surtout l'écoute d'un professeur, et il m'arrive parfois de me retrouver bloqué devant un problème, de ne pas savoir comment le résoudre, ou tout simplement de ne même pas savoir si les solutions que j'apporte sont réellement bénéfiques ; là, je pense surtout à des questions de posture, de maintien, de qualité d'émission du son.

J'en arrive à ma réflexion, du coup. Je suis venu à me demander quelle pourrait être la part que prend l'instrument dans la compétence du musicien ? Je m'explique. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir une qualité de son tout à fait perfectible. Aussi, je me demande si c'est parce que je ne m'y prends pas correctement pour émettre un beau son, ou bien que l'instrument possède ses propres « limites »? Et que, du coup, je perdais peut être mon temps et mon énergie à faire sonner un instrument qui n'en est pas capable ? J'en suis venu à me demander s'il n'était pas temps que je passe à un nouvel instrument, qui me permettrait de passer un cap que j'ai l'impression d'avoir atteint sans pouvoir le dépasser. Mais peut être que je me fourvoie, et que je manque tout simplement d'expérience et de travail, et que, dans ce cas, l'achat d'un nouveau violon serait coûteux, et assez peu utile. De manière beaucoup plus terre-à-terre, ai-je vraiment le niveau (on va dire, la maturité, la compétence et l'expérience) de faire sonner un bel instrument ? Je suis incapable de m'en rendre compte.

J'avoue que je suis un type très carré dans ma tête et que j'ai toujours eu tendance à considérer les choses de manière très binaires ; le son est beau ou il ne l'est pas, donc la technique est bonne ou ne l'est pas. C'est vrai, j'ai tendance à évacuer la part informelle de magie, d'irrationnel qui peut prendre place dans le processus qui fait qu'un instrument n'est pas seulement une caisse de bois, mais une propre extension de son corps.

Ayant assisté une fois à une master classe de Yoyo Ma, mon mari a pu constater qu'après avoir écouté un étudiant, (qui jouait déjà pas mal) Yoyo a pris son instrument et a joué... et là, le son n'avait plus rien à voir! C'était pourtant bien le même instrument, mais entre les mains de l'étudiant et entre les mains de Yoyo Ma... ben on ne reconnaissait plus rien! Moralité, même avec un instrument disons moyen, on peut obtenir un son superbe... à condition de savoir trouver où est le son de l'instrument!

Évidemment, le hic c'est que tout le monde ne s'appelle pas Yoyo Ma!!!

Voilà une expérience intéressante ! J'ai remarqué la même chose quand les professeurs jouent sur les instruments des élèves.

Entre élèves de même nombre d'années de pratique, on s'est amusé à échanger nos instruments pendant une répétition. J'ai constaté que, suivant la personne, le même instrument sonnait différemment.
Comme le dit mon professeur de violon, quand il y a un souci, cela vient rarement du violon, mais souvent de l'élève.
Je constate aussi qu'avec du travail, mon son s'est amélioré et si je suis détendue, en confiance, et dans le plaisir de jouer, c'est encore beaucoup mieux.

J'ai vécu la même interrogation pendant quelque temps, je pensais que changer de violon me permettrait d'améliorer mon son que je trouvais mauvais .
J'ai eu par deux fois l'occasion de mettre ce violon dans les mains de deux de mes profs , et j'ai compris que ce n'était pas le violon.... et que j'avais encore beaucoup de chemin devant moi avant de le faire sonner comme il le mérite !
Depuis j'ai d'ailleurs progressé, mais je n'ai pas atteint le niveau de ce que j'ai entendu de lui dans des mains expertes . Alors je le garde précieusement .

Toutefois, en ce qui te concerne , il peut en être autrement, tu as 15 ans de pratique , je n'ai pas ce niveau , donc tu peux aussi avoir atteint les limites de ton instrument . Le mieux serait de l'écouter jouer par quelqu'un d'autre , voir plusieurs autres et aussi trouver un professeur capable de te comprendre et t'aider dans ta démarche personnelle .

ellis a écrit : De manière beaucoup plus terre-à-terre, ai-je vraiment le niveau (on va dire, la maturité, la compétence et l'expérience) de faire sonner un bel instrument ?

Tu pourrais demander d'essayer des violons chez un luthier , le mien m'a déjà proposé de m'en prêter pour quelques jours .J'attends encore puisque je ne suis pas allée au meilleur du mien , mais je suis aussi parfois tentée de voir ce que cela donnerait...

Le nombre des années ne fait pas forcément tout! On peut jouer d'un instrument durant 25 ans, sans jamais s'être posé la question de la qualité du son que l'on produit!
... ça dépend de tellement de paramètres...
La première qualité est en effet la détente du corps, du bras et de la tête... et c'est tellement difficile de concilier tout ça!
(je parle de tout cela en connaissance de cause, je suis à la recherche d'un VRAI son d'alto depuis.... fort longtemps, et il est bien rare que j'apprécie ce qui sort de mon instrument!)

Merci pour vos réponses. Je m'attendais à ces remarques. C'est vrai qu'un violon sonnera différemment entre différentes mains. D'où, finalement, ma réflexion : peut-être qu'en trouvant un violon qui me corresponde mieux, le son sortira plus "naturellement" et m'aidera à surmonter des difficultés particulières. Il m'arrive parfois m'acharner sur un court passage, avec beaucoup de patience, et de ne pas être satisfait. Mais, comme vous le faites remarquer, il est vrai que le son résulte d'un ensemble de facteurs : être détendu et en confiance joue au moins autant que la conduite de l'archet (qui est naturellement influencée par le fait qu'on est détendu et en confiance, sinon ce serait trop simple !)... être détendu, tellement plus simple à dire qu'à faire, surtout quand on se concentre sur une difficulté quelconque et qu'on se crispe sans même s'en rendre compte !

Je pense effectivement aller voir un luthier, et essayer des violons. Bon, là, c'est encore une autre affaire ! J'aimerais rencontrer quelqu'un avec qui j'aurais un bon feeling et qui soit à l'écoute, ce qui n'a pas toujours été le cas auparavant !

ellis a écrit :Je pense effectivement aller voir un luthier, et essayer des violons.

C'est vraiment la meilleure option.
Quand j'ai acheté mon alto, j'en ai essayé une grosse dizaine chez les luthiers, et 3 plus longuement chez moi.
J'ai clairement entendu les différences de son des instruments, j'ai aussi ressenti que certains étaient nettement plus faciles à jouer que d'autres. C'est vraiment une expérience !

En essayant et en comparant avec ton instrument, tu devrais te rendre compte de ce que tu as à gagner d'un changement.

Perso avant j'avais un 4/4 chinois qui était vraiment de mauvaise qualité, mon prof m'a dit que ce violon avait ses limites, et qu'il ne me convenait plus, du coup on a du en acheter un nouveau chez un luthier (Un ancien français avec un prix qui pique un peu, 1400 €), chui vraiment contente parce que j'ai l'impression que depuis, je joue beaucoup mieux 'o'
Du coup ben, si t'as vraiment besoin d'en changer, ton prof te le diras sûrement.

Et le pire, c'est quand après un dimanche d'exercice particulièrement fructueux (ou donnant le sentiment de l'avoir été), avec un beau son, une justesse quasi constante, un vrai plaisir de jouer sur cet instrument qu'on avait mis du temps à choisir à l'époque, on passe une semaine foireuse, qui commence par un son de merde le lundi, une justesse plus qu'approximative le mardi, un manque de concentration évident le mercredi, l'impression que décidément, ce violon ou cet archet ne nous convient pas le jeudi, que le climat ne s'y prête pas le vendredi et qu'il vaut mieux laisser le biniou dans l'étui, et qui, finalement, se termine par un samedi matin rayonnant, qui ne dure pas assez longtemps pour profiter pleinement de tout ce dur labeur enfin récompensé par le sentiment qu'on ne sera certes jamais un soliste international, mais que parfois on pourrait rêver d'en être au moins un dans sa chambre tellement d'un coup le jeu est facile, le son est entier, les notes sont précises, tout ça au point qu'on peut se concentrer sur les intentions à chaque coup d'archet au lieu de se battre contre l'asymptote de la perfection

Je vis régulièrement ces "montagnes russes" de la satisfaction personnelle, et ton questionnement est parfois le mien aussi.

C'est vrai qu'un violon en plastique ne peut pas faire de miracles, mais le mien, sans être un violon de grand concert, est un instrument de belle facture qui ne peut pas être mis en cause à ce niveau là.

Les grands violonistes sont toujours à 200%, ce qui leur permet d'être au minimum juste parfait les jours de petites formes et grandioses le reste du temps.

Nous nous contenterons d'être un peu mieux que pas mauvais, voire bons, les jours où toutes nos conditions sont réunies.

qui commence par un son de merde le lundi

C'est marrant ! C'est juste l'expression que j'ai employé hier (lundi) à ma répèt de country !
En cours de répèt, le guitariste, me voyant rajouter un effet (chorus), me demande : "Tu as un problème avec ton violon ? ". Je lui réponds "Oui, j'ai vraiment un son de m*** aujourd'hui. Maintenant, je vais toujours avoir un son de m***, MAIS avec effet !"

HA !! Je me retrouve complètement dans ton témoignage, Trapadelle. D'où mes grandes vagues d'hésitations à acquérir un nouvel instrument. Je sais que ça ne résoudra pas le son de merde, MAIS, au moins, les bons jours où la grâce me touche ne seront que plus grandioses (Amen !)

Trapadelle a écrit :Nous nous contenterons d'être un peu mieux que pas mauvais, voire bons, les jours où toutes nos conditions sont réunies.

Haha, c'est tristement exactement ça !
Je compte sur les doigts d'une demi-main les fois où j'ai vraiment aimé ce que j'entendais en jouant de mon violon...

Ah!, je suis contente, je croyais que j'étais seul a avoir ces sensations de pleinitude qu'une petite fois de temps en temps!!!

Bonsoir,

Je me pose exactement les mêmes questions actuellement, mais avec encore moins d'assurance dans mon "auto-diagnostique" compte tenu de mon niveau très faible liée à mon expérience égale ...

Cependant l'expérience de Thibault :

Thibault a écrit :

ellis a écrit :Je pense effectivement aller voir un luthier, et essayer des violons.

J'ai clairement entendu les différences de son des instruments, j'ai aussi ressenti que certains étaient nettement plus faciles à jouer que d'autres. C'est vraiment une expérience !

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m'amène à explorer une autre possibilité, l'amélioration du violon par le changement de cordes, de chevalet ou l'archet lui même, ce sont des pistes que j'explorerais peut-être plus tard, car certaines expériences relatées ici et la laissent à penser qu'un chevalet différent peut amener un jeu plus facile (différence d'écartement ou d'angle plutôt entre les cordes) et un son différent, l'archet aussi peut aussi avoir son importance en la matière, les cordes je pense à moindre mesure, mais elles jouent aussi sur le "rendu" du son.

J'ai d'ailleurs partagé cela pas plus tard que ce soir même avec un luthier qui m'a confirmer l'importance du chevalet par exemple.

Ceci n'est que l'avis d'un complet néofite qui prend beaucoup de plaisir à parcourir les forums sur ce suejt

Pour le chevalet, à moins que tu aies vraiment une pièce découpée à la tronçonneuse, je ne pense pas que ça changera grand chose.
Pour les cordes, c'est évident que changer de marque cordes changera ta sonorité. Tu peux trouver sur le net des descriptifs de sonorités des cordes, mais ça dépend bien sûr aussi du violon sur lequel elles sont montées : Avoir des cordes en boyau sur un violon chinois de la pire série ne permettra pas d'obtenir la sonorité des grands violonistes
Quant à l'archet, il a également son importance, mais je trouve cela plus difficile d'en choisir un qui nous convienne.
Tu peux éventuellement te faire accompagner de ton professeur (si tu en as un), ou d'un violoniste de bon niveau pour t'aider dans tes choix.

Mais il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres paramètres entrant dans la qualité du son : le réglage (le positionnement) de l'âme en est un.
La technique de jeu du musicien aussi...